La Récitation orale de la Nouvelle Alliance selon saint Marc
2e édition revue et corrigée
La documentation antique semble attester que, dans les tout premiers siècles, l’Évangile de saint Marc n’était pas utilisé lors des eucharisties dominicales, pour une lecture séquenciée de la Parole. En revanche, il est bien connu que, dans certaines Églises, il était solennellement proclamé in extenso aux néophytes durant la vigile pascale.
De tels usages liturgiques ne sont pas dus au caractère de résumé de la Bonne Nouvelle, que l’on pourrait attacher après coup à son Évangile en comparaison avec les autres, mais témoignent plutôt de son statut spécifique hérité de l’âge apostolique, lorsque la lecture ecclésiale de la Parole avait sa norme dans la récitation orale de Celle-ci. Les néophytes étaient tenus de connaître par cœur l’Évangile du Seigneur, défini comme un parcours initiatique ordonné, pour intégrer sur son fondement l’ensemble du patrimoine didactique des Apôtres, connu autant par les écrits que par la tradition orale.
La Tradition apostolique identifie justement saint Marc au secrétaire de saint Pierre, c’est-à-dire à celui à qui il revint de mettre par écrit – semble-t-il pour l’auditoire romain – la récitation orale du saint Évangile par le prince des Apôtres. Ce qui confère à l’Évangile de saint Marc le privilège de nous transmettre ce qui devait constituer la récitation typique des Douze de la Bonne Nouvelle et le vade-mecum catéchétique de la mission, en marge et au fondement de la liturgie des sabbats.
Or, il est tout à fait possible de reconstituer cette récitation orale, grâce à la stabilité, d’une part, des procédés anthropologiques mis en œuvre et, d’autre part, de la pratique constante de l’Église d’Orient qui, au-delà des adaptations dialectales, a noté consciencieusement ses principales inflexions vocales et quelques-uns de ses repères mnémotechniques.
Tel est le défi relevé par cette traduction française originale du texte araméo-chaldéen de l’Évangile de saint Marc, selon l’unique version dite « stricte » (Peshitta) des Églises d’Orient.